La fête battait son plein sur la place -Chapitre 1-

-Chapitre 1-

La fête battait son plein sur la place. On ne savait plus trop ce que l’on fêtait –à supposer qu’on l’eût su un jour- mais enfin la fête était séculaire et personne n’osait jamais demander ce que l’on fêtait par crainte du ridicule. Et quand bien même on eut su ce que l’on fêtait, se serait-on amusé différemment ? Patriotique, religieuse, familiale, la cause disparait toujours sous les cotillons et les chants.

Le maire prononça son traditionnel discours annuel jonché d’allusions auxquelles nul n’entendait rien : « en cette occasion, vous le savez mémorable et séculaire… », « cette célébration qui éveille en chacun de nous une fierté légitime et majestueuse… ». Les hommes bombaient le torse devant les femmes, les femmes caressaient les cheveux des enfants, les petits garçons imitaient les hommes et les petites filles caressaient les cheveux de leur poupée. Après l’allocution du maire, l’on banquetait allègrement, puis l’orchestre jouait et l’on dansait jusqu’à des heures indues.

-Fin du chapitre 1-

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